La petite fille au napalm, 1972, photo de manhhai via flikr CC BY 2.0
La guerre du Vietnam, marquée par l'utilisation des bombes au napalm et de l'agent orange par les États-Unis, a eu des répercussions profondes sur la société. Les artistes, désillusionnés face à la nature humaine et au prétendu progrès, ont réagi en créant des œuvres qui reflètent cette réalité choquante.
Les nouvelles formes artistiques, telles que la vidéo, l'installation, la sérigraphie et la performance, ont émergé, éliminant l'importance des compétences traditionnelles en dessin et en peinture. Les écoles ont abandonné l'enseignement de la peinture, considérée comme dépassée. L'idée de « mort » de la peinture apparaît à la fin des années 70 et perdure jusque dans les années 90.
Parallèlement, des mouvements sociaux tels que l'émancipation des femmes, les droits civiques et la lutte pour la reconnaissance des homosexuels ont démocratisé l'art, brisant les barrières qui le réservaient autrefois à une élite masculine blanche.
Influencés par la télévision, la mondialisation, la surconsommation et les publicités, les artistes ont éliminé la distinction entre haute et basse culture en incorporant des images de la culture populaire dans leurs œuvres. Cette approche a rendu l'art plus accessible pour un public plus large.
R. Rauschenberg, Dessin effacé de Kooning,1953, SFMOMA, Rob Corder flickr CC BY
Sol Lewitt, Successive Rows of Horizontal Straight Lines from Top to Bottom and Vertical Straight Lines from Left to Right, 1972, photo BM via flickr, CC 1.0
Joseph Beuys, I Like America and America Likes Me, 1974, Dou_ble_you via flickr, CC BY-NC-ND 2.0
Serge Tousignant, Maquette #39 pour « Photoglyphes, multidirectionnels #2»,1981, galerie graff, photo Guy L'Heureux, Collection privée
L'art conceptuel place l'idée de la conception de l'œuvre au-dessus du résultat réel, remettant en question l'importance de l'esthétique.
Robert Rauschenberg a marqué l'histoire de l'art conceptuel en 1953 avec son œuvre Erased de Kooning Drawing. Dans cette création, Rauschenberg a effacé le dessin d'un artiste moderne renommé, William de Kooning, soulignant ainsi l'idée au détriment de l'œuvre matérielle. Il s'est approprié le travail d'un autre artiste, rejetant le dessin traditionnel en tant que fondement de l'art, ne laissant que l'idée comme élément central.
Sol Lewitt a également contribué à l'art conceptuel avec des œuvres constituées uniquement d'instructions. L'œuvre physique n'était pas réalisée par Lewitt lui-même, mais il considérait que l'interprétation de ses instructions par les peintres faisait partie intégrante de l'œuvre.
Josef Beuys, quant à lui, a exploré l'art conceptuel à travers des performances telles que I Like America and America Likes Me (1974), où il a été confiné pendant une semaine dans une galerie d'art avec un coyote. Cette expérience évoque la relation entre l'homme et l'animal, montrant comment une complicité a émergé malgré un départ hostile de la part du coyote.
Dans Photoglyphes, multidirectionnels #2, Serge Tousignant montre un assemblage de 3 photos de roche avec des traits dans le sable. Est-ce que l'œuvre d'art est le moment où Tousignant a pris la photo sur la plage ou plutôt la photo de cet instant ou la photo de la roche sur la plage avec les traits de peinture blanche ajoutées sur la photo ou le négatif percé pour représenter en noir les traits dans le sable ou finalement l'assemblage sur un carton de ces 3 médiums différents exécuter en 3 temps différents.
Andy Warhol, Big Electric Chair, 1967, Menil collection, Rob Corder via flikr, CC BY-NC 2.0
Edmund Alleyn, Sans titre, 1966, photo Guy L'Heureux, Collection privée
Edmund Alleyn, L'Apollon de St-Tite (Est-West), 1977, Edmund Alleyn, photo de Guy L'Heureux, Collection privée
Pierre Ayot, La croix du Mont-Royal, 1976, jphilipg via flickr, CC BY-NC 2.0
David Elliott, Study for ‘’Blue Wave’’, 2008, David Elliott, photo JF Milette, Collection privée
Le Pop Art rompt avec le modernisme en utilisant l'imagerie de la télévision, de la publicité, de la bande-dessinée et des biens de consommation. Les artistes pop ont adopté la sérigraphie, une technique permettant de produire rapidement et en série des œuvres d'art, les transformant ainsi en biens de consommation bon marché.
Andy Warhol a créé des œuvres provocantes, y compris une œuvre basée sur la chaise électrique. Warhol a ironiquement commenté cette création en soulignant le potentiel décoratif que cela aurait chez certaines personnes, illustrant ainsi la capacité de l'art à interroger les normes sociales.
En France, le mouvement de la Figuration narrative partage des similitudes avec le Pop Art, mais se manifeste principalement à travers la peinture. Les artistes de la Figuration narrative, dont le québécois Edmund Alleyn faisait parti, ont entre autre exprimé leur crainte de l'impact de la technologie sur notre société.
Lorsqu'Alleyn est revenu au Québec, il a trouvé dans le L'Appolon de St-Tite l'équivalent de la Marylin de Warhol.
Pierre Ayot est peut-être l'artiste pop le plus connu au Québec. En 1976, il crée une réplique de la croix du Mont-Royal, mais couchée sur le côté. Le maire Drapeau la fait démantelée, car elle ne répond pas à sa vision pour accueillir les jeux olympiques.
David Elliott participe au retour de l'imagerie figurative au Québec. Il crée des assemblage/collage qu'il reproduit en peinture.
Chuck Close, Mark, 1979, Met Museum, Mikel Santamaria via flickr, CC BY-SA 2.0
Serge Lemonde, Autoportrait, 1992, Serge Albert Lemonde via Wiki Commons, CC BY-SA 4.0
Contrairement à d'autres mouvements artistiques qui s'éloignent de la photographie, les artistes hyperréalistes ont fait de la photographie leur source d'inspiration principale. Ils ont adopté une approche consistant à projeter une photographie sur une toile, puis à utiliser un aérographe pour la reproduire.
Chuck Close va même jusqu'à reproduire des photos avec des profondeurs de champ très faibles, ce qui donne un flou aux extrémités du nez et aux cheveux de ses visages, tandis que les yeux et la bouche sont hyper précis.
Au Québec, Serge Lemonde est le plus grand représentant de ce mouvement. Le terme "photoréalisme" a été attribué à ce mouvement par le galeriste new-yorkais Louis K. Meisel en 1969 (le galeriste du Québécois Louis Comtois).
Donald Judd, Sans titre, 1980, Tate, photo de Aaron Bradley via flickr, CC BY-SA 2.0
Robert Ryman, Sans titre, 1965, SFMOMA, photo de Rob Corder via flickr, CC BY-NC 2.0
Ad Reinhardt, Abstract Painting, 1963, MoMA, Steven Zucker via flickr, CC BY-SA 2.0
Stéphane La Rue, Sans titre de la série : Let's Play Another Love Song (pour Joe Maneri), 2002, Galerie Bellemare Lambert, photo de Guy L'Heureux, Collection privée
Le minimalisme se caractérise par l’absence de représentation d’éléments du monde réel, ni même de sentiments.
Leurs œuvres ne représentent rien d’autre qu’elles mêmes.
Donald Judd use des procédés industriels et la sérialité (la répétition d’un motif) pour ses œuvres très épurées.
Ryman et Reinhardt trouvent la vérité absolue dans le monochrome.
Le post-minimalisme élargit le mouvement minimaliste en englobant d’autres formes artistiques, notamment la musique minimaliste.
L'artiste québécois Stéphane La Rue est un digne représentant du mouvement post-minimaliste au Québec.
Philip Guston, Stationary Figure,1973, MET, Regan Vercruysse via flickr, CC BY-NC-ND
Jean-Michel Basquiat, Sans titre,1984, Des Moines Center, Pellgen flickr,CC BY-NC-ND
Betty Goodwin, Étude de nu,1979, photo Guy L'Heureux, Collection privée
Pendant les années 1980, les artistes se sont tournés vers les expressionnistes allemands des années 1920 pour renouer avec le figuratif et l'expressivité des sentiments.
Ce mouvement représentait une rébellion contre le style froid du minimalisme et du conceptualisme qui prédominait à l'époque.
L'américain, né à Montréal, Philip Guston fait scandale en 1970 lorsqu'il rompe avec l'expressionisme abstrait et expose des œuvres figuratives. Il serait à l'origine du néo-expressionisme.
Jean-Michel Basquiat a débuté comme graffiteur dans les rue de New-York pour dénoncer l'usage du crack et la montée du sida.
Au Québec, Betty Goodwin dessine des personnages sur des papiers mince qui rappel la peau. Ses personnages semblent en perdition.
Giovanni Anselmo, Struttura che mangia, 1968, Pompidou, Karl Steel flickr, CC BY-NC_SA
Piero Manzoni, Merde d'artiste,1961.MoMA ,Jean-Louis Mazeres flickr, CC BY-NC-SA 2.0
Armand Vaillancourt,Collision, 1987, Vaillancourt, photo Guy L'Heureux, Collection privée
Les artistes de l'Art pauvre s'opposent au Pop Art, à la surconsommation et au mode de vie imposé par la culture américaine. Leur travail se caractérise par la réalisation de sculptures utilisant des matériaux simples tels que des pierres, de la terre, des branches d'arbres et des rebuts, parfois même des objets éphémères comme des végétaux.
Leurs œuvres, délibérément non esthétiques, sont souvent de grande taille et éphémères, ce qui les rend moins attrayantes pour les collectionneurs. Cette approche représente une petite révolution dans une société capitaliste où la valeur des œuvres d'art est souvent mesurée par leur attrait esthétique et leur potentiel commercial.
Un exemple provocateur de cette tendance est l'artiste Piero Manzoni, qui a mis en conserve ses excréments et les a déclarés comme des œuvres d'art. Il les vendait au même prix que de l'or, se moquant ainsi de la spéculation et remettant en question les normes traditionnelles du marché de l'art.
De 1953 à 1956 Armand Vaillancourt sculpte un arbre sur la rue Durocher à Montréal. Il réalise des sculptures avec des matériaux recyclés. Il invente un procédé de fonderie avec du styromousse.
Serge Lemoyne, Morceaux de maison,1995, photo Guy L'Heureux, Collection privée
Louis Comtois, Light notations 6, 1986, photo Guy L'Heureux, Collection privée
À la fin des années 80, certains artistes ont opéré un retour à l'abstraction, bien que celle-ci ait été associée à la période moderne et fortement rejetée dans les années 70.
Les monochromes et les formes géométriques sont désormais considérés comme des classiques de la peinture moderne.
Bien que les artistes soient conscients du poids de l'histoire de la peinture abstraite, ils se donnent la liberté de ne pas respecter les anciens mouvements. Ils les mélangent, les revisitent, utilisent de nouvelles techniques, etc.
Ce retour à l'abstraction marque le début de l'art contemporain et la fin des mouvements stylistiques, marquant ainsi le début d'une période plus libre.
Au Québec, Serge Lemoyne crée des œuvres inspirées à la fois des aplats des plasticiens et des coups de pinceaux spontanés des automatistes.
Louis Comtois s'inspire de la peinture italienne du 13ème siècle pour créer de très belles peintures texturées à la limite de la sculpture.
Marc Leduc, Bouche cousue, 2021, galerie Robert Poulin, photo de Guy L'Heureux, Colelction privée
L'art Outsider, également appelé art brut, désigne les œuvres créées par des artistes en dehors des courants artistiques conventionnels. Ces artistes ne sont généralement pas formés dans des écoles d'art traditionnelles, ne bénéficient pas de subventions artistiques et ne sont pas souvent représentés dans les musées d'art contemporain.
Les créateurs d'art Outsider travaillent souvent de manière autodidacte, utilisant des matériaux simples et variés. Leur approche est souvent marquée par une grande spontanéité et une expression émotionnelle intense. Ces artistes peuvent être issus de milieux marginaux ou avoir des expériences de vie atypiques qui influencent leur démarche artistique.
Depuis 1993, la Outsider Art Fair à New York offre une plateforme permettant de découvrir et d'apprécier ces formes d'art non conventionnelles.